
🧵 Fabriquer son zine photo : du regard à la reliure
Pourquoi créer un zine, c’est prolonger son regard jusqu’au bout du geste
🎨 Pourquoi fabriquer son zine photo ?
À l’heure du tout-numérique, où nos images s’empilent dans des dossiers ou disparaissent dans le flux des réseaux, fabriquer un zine photo est un acte presque militant.
C’est un retour à la matière, à la lenteur, au soin. C’est redonner une forme tangible à ce que nos yeux ont vu et ressenti.
Pour moi, ce geste s’inscrit dans une démarche artisanale.
Créer un zine, c’est reprendre la main sur tout le processus photographique : du regard à la reliure. C’est choisir ses papiers, plier, coudre, couper… et enfin, tenir entre ses mains un objet qui raconte une histoire.
Chaque étape devient un prolongement du regard du photographe.
On ne crée pas seulement des images : on fabrique leur écrin, leur rythme, leur respiration.
“Faire un zine, c’est donner une maison à ses images.”
📷 Le zine, c’est quoi exactement ?
Le mot vient de “magazine”, contraction affectueuse qui traduit bien sa nature : une publication artisanale, auto-éditée, souvent unique.
Ni livre d’art grand public, ni simple carnet de tirages, un zine est un objet à taille humaine. Il se fabrique à la main, avec peu de moyens mais beaucoup d’attention.
C’est une forme libre — par le format, la reliure, le papier ou la mise en page — mais toujours guidée par une idée centrale : raconter quelque chose.
Un voyage, un thème, une série personnelle, ou même un état d’esprit.
Mon premier zine, Carnet du Japon, est né ainsi.
Une série d’images pensées comme un récit : la lumière rouge, omniprésente, y devient le fil conducteur.
Ce projet m’a donné envie de continuer à explorer cette relation intime entre photographie et artisanat.
💭 Une démarche artistique avant tout
Fabriquer un zine, c’est apprendre à voir différemment.
Quand on sélectionne les photos, on ne cherche plus seulement les plus “belles”, mais celles qui dialoguent entre elles, qui se répondent, qui racontent une histoire.
C’est un travail d’écriture visuelle.

Créer un zine, c’est aussi accepter de choisir.
De laisser de côté certaines images pour mieux révéler celles qui comptent.
C’est un exercice d’intention : chaque page, chaque pli, chaque blanc devient un silence qui parle.
Et c’est peut-être ce qui me plaît le plus dans ce processus :
la sensation de cohérence retrouvée.
Mes images ne sont plus des fichiers isolés sur un disque dur : elles vivent ensemble, dans un objet que je peux toucher, partager, offrir.
🪡 La fabrication pas à pas : du fichier au livre cousu main
Quand je fabrique un zine, j’aime dire que je passe “du pixel au papier”.
Chaque étape a sa logique, son tempo, sa part de patience.
1️⃣ Imprimer
Tout commence par le choix du papier.
J’utilise un papier photo au rendu mat, à la fois épais et souple. Le papier n’est pas qu’un support : c’est une partie de l’œuvre. Il donne une texture à la lumière, une densité à la couleur, une authenticité au geste.
J’imprime les pages une par une, avec le même soin que pour un tirage fine art.
Les réglages sont précis : marges, contraste, orientation.
Je veux que le rendu soit fidèle à mon intention initiale.
2️⃣ Plier
Une fois imprimées, les feuilles prennent leur forme.
À la main, je plie chaque page avec un plioir dédié, pour un pli net et sans cassure.
C’est une étape calme, presque méditative.
Le papier se tend, se place, s’aligne — on sent déjà le livre naître sous les doigts.
3️⃣ Relier
Vient le moment le plus symbolique : la couture.
J’ai choisi la reliure cousue main, à l’aiguille, pour sa solidité et son élégance.
Le fil traverse les pages comme une ligne de vie, un lien physique entre les images.
Fabriquer son zine photo : reliure cousue main, couture à l’aiguille sur papier photo artisanal

Cette étape demande de la patience : on perce, on coud, on resserre, on égalise.
Mais c’est aussi la plus satisfaisante.
Voir les pages tenir ensemble, c’est voir une histoire devenir un objet.
4️⃣ Couper
Une fois la couture terminée, on coupe les bords au massicot pour une finition propre et régulière.
Chaque millimètre compte. Le bruit sec de la lame sur le papier marque la fin du processus.
À ce moment précis, le zine est né.
💸 Le prix et la vraie valeur : le geste
Beaucoup pensent qu’un zine coûte cher à produire.
En réalité, il est accessible.
Entre le papier, l’encre et le fil, le coût reste raisonnable. Mais la valeur, elle, ne se mesure pas en matière.
La vraie richesse du zine, c’est le temps passé avec ses images.
Le soin, la patience, la réflexion.
Faire un zine, c’est prendre le contre-pied de la production rapide et du partage instantané.
C’est fabriquer lentement, consciemment, sincèrement.
Et pour celles et ceux qui préfèrent déléguer l’impression, je recommande le travail d’Ooblik, imprimeur artisanal basé en France.
Ils partagent la même philosophie : un respect profond du papier, de la lumière et de l’objet.
📚 Le plaisir de l’objet fini
Quand on tient enfin son zine, c’est une petite fierté.
Chaque pli, chaque couture, chaque coupe raconte quelque chose.
Ce n’est pas juste un support : c’est une œuvre complète, née de tes mains.
Un zine attire le regard, intrigue, donne envie de tourner les pages.
C’est un objet qu’on montre, qu’on offre, qu’on laisse sur une table pour qu’il vive.
Un pont entre le geste du photographe et le regard du spectateur.

❤️ Conclusion : un geste d’amour pour la photographie
Créer un zine, c’est renouer avec l’essence même de la photo : regarder, ressentir, partager.
C’est une aventure artistique, mais aussi personnelle.
Chaque page cousue à la main, chaque photo choisie avec soin, devient un acte de respect envers ton propre travail.
Faire un zine, c’est aimer ses images jusqu’au bout du fil.
Et c’est, à mes yeux, la plus belle façon de donner corps à un regard.


